Le 8 mars : comprendre le féminisme

Article : Le 8 mars : comprendre le féminisme
Crédit: Le blog de Désirée Bozou
8 mars 2022

Le 8 mars : comprendre le féminisme

Qui sont ces femmes qui veulent porter le même pantalon que les hommes ? Je crois que chacun devrait rester à sa place et jouer son rôle. Je ne suis pas féministe et je ne le serai jamais. À bon entendeur salut ! Les avis divergent. Les condamnations pullulent. L’étau se resserre autour de celles qui osent dire qu’elles sont féministes. Entre ceux qui haïssent et ceux qui adorent le féminisme, la hache de guerre n’est pas encore enterrée. Et on devine bien pourquoi. Face à toute cette ambigüité, en cette journée du 8 mars, il est important d’élucider l’affaire.
féministes modérées
Crédit : Le blog de Bozou Désirée

Le féminisme, ce mot mal compris

À l’origine, le mot féminisme a été créé par Alexandre Dumas. C’était une pathologie qui désignait des hommes trop féminins. Hubertine Auclert, (militante féministe française) l’utilise ensuite pour la lutte contre les inégalités hommes/femmes ». Ce sont les premières affirmations du film documentaire Féministes en tous genres. C’est donc à Alexandre Dumas que l’on reconnaît la création du mot : « féminisme ». Il désignera progressivement, la lutte pour l’égalité hommes/femmes. Le mot se popularise ensuite, avec Eugénie Potonié-Pierre en France, puis en Grande-Bretagne, aux États-Unis et dans le monde. Plusieurs mouvements de lutte pour le droit de vote naissent. En 1903, par exemple, au Royaume-Uni, les suffragettes luttent pour cette cause. Mais c’est au tournant de l’année 1970 que fleurissent des mouvements féministes dans l’espace public. Les femmes qui luttent en faveur de cette cause sont appelées des féministes.

Féminisme extrême
Crédit : Le blog de Désirée Bozou

Féministe : un fourre-tout parfait pour accueillir tout le monde

Il y en a marre de voir des femmes nues pour tout et n’importe quoi ! Est-ce nécessaire de se dénuder, pour défendre une cause ? Jetez à la poubelle tous les stéréotypes et les clichés sur les femmes féministes ! Faites la différence entre les féministes et les autres. Alors oui, il existe des féministes extrémistes. Oui, elles sont quand même des féministes. Mais doit-on toutes les mettre dans le même sac ? Je vous propose d’écouter certaines féministes, d’entendre ce qu’elles disent et de chercher à les comprendre. Allez au-delà de la connotation péjorative du mot féminisme. Allez au-delà du « cela est mal vu  » par vos ami.e.s, votre famille, vos collègues, la religion, l’éthique et la morale. Apprenez à vous en faire une idée, loin des clichés.

Ce que le féminisme n’est pas …

Le féminisme ce n’est pas vouloir dominer les hommes. Le féminisme ce n’est pas faire comme les hommes, détester les hommes. Être féministe, ce n’est pas vendre son corps. (Pour cela, un autre mot a été bien déterminé et dans certains pays comme l’Allemagne, où la chose est légale depuis 2012, certaines femmes n’en sortent pas indemnes). Cette chose casse des vies comme le montre si bien un documentaire de la chaîne franco-allemande, Arte sur la prostitution en Allemagne.

Être féministe, c’est vouloir tout simplement, l’égalité entre les femmes et les hommes. De nombreuses femmes ont lutté pour cette cause. Mais aujourd’hui, j’aimerais vous parler de la juge américaine Ruth Baber Ginsburg. Le film documentaire RBG parle de son parcours. C’est un film réalisé et produit par Betsy West et Julie Cohen, que je vous invite, d’ailleurs, à découvrir.

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Crédit : Le blog de Désirée Bozou

L’exemple de Ruth Baber Ginsburg

« On ne peut pas exclure des femmes uniquement parce que ce sont des femmes », affirme le professeur Arthur Miller dans le film documentaire RBG. Surnommée Notorious RBG, Ruth Baber Ginsburg est la deuxième femme à être nommée à la Cour Suprême des États-Unis en 1993. Avocate, juge et universitaire américaine, son champ de bataille dans la lutte pour l’égalité hommes/femmes a été juridique. Née le 15 mars 1933 à Brooklyn et morte le 18 septembre 2020 à Washington, elle a joué un rôle prépondérant dans le changement des conditions de la femme aux États-Unis.

Dans les années 1970, elle gagne le procès pour la cause de Sharoon Frontiero, une femme engagée dans l’armée, qui n’avait pas le droit de toucher une allocation au logement à cause de son genre. En 1996, elle réussit à convaincre la Cour Suprême des États-Unis et donne la possibilité aux femmes de rentrer à l’Institut Militaire de Virginie (VMI), une école réservée aux hommes. Toutes les affaires qu’elle défendra en faveur des femmes exclues de certaines institutions américaines, la rendront populaire.

Pour elle, « la discrimination de genre ne place pas la femme sur un piédestal mais dans une cage. » À l’instar de Sarah Grimké, elle affirme : « Je ne réclame aucune faveur pour les personnes de mon sexe. Tout ce que je demande à nos frères, c’est qu’ils veuillent bien retirer leurs pieds de notre nuque et nous permettre de nous tenir debout sur cette terre que Dieu nous a destinée à occuper. »

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Crédit : Le blog de Désirée Bozou

Et le 8 mars dans tout ça ?

En 1909 les femmes socialistes américaines décident d’organiser une journée nationale des femmes (National Women’s Day) afin de célébrer l’égalité des droits civiques. Mais, selon l’historienne féministe française Françoise Picq, « c’est en août 1910, à la IIe conférence internationale des femmes socialistes, à Copenhague, à l’initiative de Clara Zetkin, militante allemande, qu’a été prise la décision », de célébrer chaque année une journée en faveur des droits de la femme. Ainsi, La Journée internationale des femmes serait donc (selon ce même article « l’initiative du mouvement socialiste et non du mouvement féministe ».

Ce n’est qu’en 1977 que la journée internationale des femmes, sera officialisée par les Nations Unis. Elle est célébrée depuis lors dans de nombreux pays. Le but est de sensibiliser et de mobiliser la société pour l’égalité hommes/femmes. C’est aussi une occasion pour faire un bilan, faire le point sur les acquis de la lutte et mener une réflexion sur ce qui reste à faire. De nombreuses manifestations féministes sont également organisées à l’occasion du 08 mars. Dans des villes comme Lyon, en France, tout un programme est établi à l’occasion du 8 mars. Mais Qu’en est-il en Afrique ?

Le féminisme en Afrique

« Combien de temps encore les belles filles d’Afrique seront-elles obligées d’ensevelir leur esprit et leur talent sous le fardeau des chaudrons et des marmites en fonte ? », affirme Maria W. Stewart, citée dans La pensée Féministe noire de Patricia Hill Collins, édition 2021, page 39. Le féminisme reste un gros mot en Afrique. Il paraît toujours comme une affaire occidentale venue d’ailleurs qui entache l’éducation des jeunes filles. Ainsi, on a plusieurs fois dit à des femmes féministes africaines, qu’elles ne se marieront jamais. Certes, les choses changent, les mentalités évoluent et l’on lutte contre l’excision. Des actions en faveur de l’autonomisation de la femme sont menées. Des évènements comme Superwoman à Abidjan (Côte d’Ivoire), font bouger les choses. Toutefois, il reste beaucoup à faire dans les zones rurales.

la pensée féministe noire Mondoblog
Crédit : Le blog de Désirée Bozou

Existe-il une pensée féministe noire ?

Patricia Hill Collins aborde la question du « féminisme noir étasunien » dans son livre intitulé La Pensée Féministe noire. Elle explique la complexité de la question féministe noire et la spécificité même de l’histoire des « Africaines-américaines ». Selon elle, le sens négatif accolé au mot féminisme et la remise en cause du mot « noir » par certains intellectuels rendent difficile l’idée d’existence d’une pensée féministe noire. Je crois que son livre apporte des éclairages sur la question et surmonte ces difficultés. Je vous invite fortement à le lire. Patricia Hill Collins parle de la réalité américaine. Cette réalité est certes différente de l’Afrique, mais le livre reste tout de même ouvert à tous les noir.e.s et à tout le monde. Le livre de Patricia Hill Collins montre aussi la difficulté permanente d’être une femme, d’être noire et de vivre dans une société américaine qui traditionnellement et systématiquement, méprise les femmes afrodescendantes. Il invite aussi à réfléchir sur le fait d’être une femme, d’avoir une peau noire et de vivre dans la société actuelle.

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