Les autochtones d’Amérique : l’exposition sur la piste des Sioux déconstruit les clichés

Article : Les autochtones d’Amérique : l’exposition sur la piste des Sioux déconstruit les clichés
Crédit: Le blog de Désirée Bozou
2 juillet 2022

Les autochtones d’Amérique : l’exposition sur la piste des Sioux déconstruit les clichés

Les autochtones d’Amérique font l’objet de nombreux mythes et clichés ancrés dans la conscience collective. Nous avons retenu d’eux, ce qu’on a bien voulu nous faire croire. Mais qui sont-ils réellement ? D’où viennent tous ces clichés et idées reçues sur les autochtones d’Amérique ? Sur la piste des Sioux est une exposition proposée par le musée des Confluences de Lyon pour rétablir la vérité historique et comprendre l’origine des stéréotypes sur ce peuple.

Qui sont les autochtones d’Amérique ?

Les autochtones d’Amérique sont un ensemble de peuples présents en Amérique avant la colonisation européenne. Mais au fil de l’histoire celui des plaines, particulièrement le sioux, a pris peu à peu une place centrale au point d’incarner, à lui seul l’Indien d’Amérique. Au Canada, un autre nom les désigne : celui de premières nations. Ainsi, les termes Amérindiens et Indiens d’Amérique bien qu’utilisés encore aujourd’hui, sont déconseillés dans ce pays parce que certaines communautés les trouvent offensants. Les autochtones d’Amérique sont aussi appelés Indiens. Toutefois, hors contexte, ce mot porte à confusion. Parce qu’il désigne également les habitants de l’Inde.

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Vêtements traditionnels des Indiens d’Amérique. (Crédit : le blog de Désirée Bozou)

Durant l’exposition, Sur la piste des Sioux au musée des Confluences de Lyon, les dates donnent des éclairages sur l’expansion coloniale américaine sur les territoires indiens. Et apportent des informations sur la perte identitaire et linguistique progressive des peuples autochtones depuis près de 500 ans avec l’arrivée des colons.

L’arrivée des colons

Dès la pénétration anglo-saxonne en Amérique le 24 juin 1497, la conquête commence. En 1513, le premier Européen Juan Ponce de Leon, arrive sur le territoire. En 1636, on assiste au massacre des Indiens Pequots opposé à la colonisation anglaise. Ensuite, lors de la déclaration de l’indépendance des États-Unis (des 13 colonies britanniques) le 14 juillet 1776, les Américains utilisent le fallacieux prétexte de la destinée manifeste pour occuper les terres amérindiennes. C’est le début de l’invasion de droit divin : « A GOD-GIVEN RIGHT TO INVADE ».

De 1851 à 1934, la domination américaine est définitive. L’accomplissement total de la destinée manifeste est visible. Et le morcellement des terres des autochtones d’Amérique contribue à détruire les liens claniques et culturels de ces derniers. À travers l’instauration de pensionnats destinés à assimiler les jeunes Indiens, la destruction de l’identité culturelle des peuples autochtones est engagée. De 1941 à 1972, jusqu’à nos jours, les autochtones d’Amérique continuent la lutte pour la sauvegarde de leur culture malgré les difficultés qu’ils rencontrent. 

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La représentation des Indiens dans la bande dessinée (Crédit : le blog de Désirée Bozou)

Les clichés sur les autochtones d’Amérique dans la littérature

Du bon sauvage au guerrier, l’image de l’Indien d’Amérique évolue au fil du temps. Tout commence d’abord avec la littérature et les œuvres picturales. Ainsi, des romans de François-René de Chateaubriand (Atala 1801), Gustave Aimard, Gabriel Ferry et les œuvres picturales de nombreux artistes comme Joseph Wright of Derby donnent une certaine image de l’Indien d’Amérique au public. C’est-à-dire, un homme plein de vigueur et d’entrain aux longs cheveux noirs tressés, à la peau rouge qui fume le calumet.

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Un salon d’antan (crédit : photo Le blog de Désirée Bozou)

Les autochtones d’Amérique à la télévision

Le caractère instinctif, l’esthétique, la beauté, et « la sauvagerie présumé des Peaux-Rouges guerroyeurs sont construits et mis en avant ». Le succès de toutes les productions télévisuelles est tel que les thèmes abordés sont déclinés au théâtre. La télévision contribue ensuite fortement à diffuser les stéréotypes de l’indien sauvage, brave, sage ou futé. Dans les publicités on exploite plutôt l’idée de l’Amérindien respectueux de la nature. Il aime la nature. Il utilise les plantes pour guérir. De plus, il existe également tout un univers relié à son identité : bisons, scalpes, flèches, carquois, totems, danse, coiffes de plumes, rituel, tipis, scalpation et feu sacré.

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L’Amérindien dans le cinéma américain (crédit : Le blog de Désirée Bozou)

Au cinéma

Le cinéma des années 1930, les westerns hollywoodiens des années 1950 et les spectacles itinérants du Wild West Show de Buffalo Bill en Amérique et en Europe contribuent à diffuser cette image de l’Indien. C’est un « bon sauvage animé d’instants primaires vivant en harmonie avec une nature originelle ». Ce n’est qu’en 1970 qu’on voit un cinéma plus réaliste dans le film Little Big Man, avec une représentation positive et une image plus réaliste des autochtones d’Amérique.   

Ce qu’on ressent lorsque l’on sort d’une telle exposition

En premier lieu, on a le cerveau à l’envers par ce que tout, à l’intérieur a été bousculé. On se rend compte, du degré d’imprégnation de ces clichés dans notre tête et aussi dans l’imaginaire collectif. En second lieu c’est : la révolte contre soi-même. Parce qu’on a cru, à ce qu’on a bien voulu, nous faire croire. Je parle ici des films, des dessins animés et des livres qui ont créé et inventé des images parfois éloignées de la réalité.

Personne ne m’en avait parlé auparavant. D’ailleurs, depuis Pocahontas (qui était mon héroïne) jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais fait une relecture de ces images. Cette exposition a donc été très utile pour moi. Les stéréotypes qui y sont révélés m’ont fait réfléchir aux clichés sur les Africains, sur les noires en Europe et sur les noirs américains. Nous en parlerons certainement dans un autre article tout comme la question du féminisme noir.

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Exposition sur la piste des Sioux au Musée des confluences de Lyon. (crédit : Le blog de Désirée Bozou)

Ce qu’il faut retenir

Premièrement : les médias jouent un rôle important dans la diffusion des clichés. Et cette exposition montre comment les images diffusées sur ce peuple ont construit des stéréotypes et masqué la réalité de la colonisation et ses dommages. Deuxièmement : ce qu’on voit, ce qu’on entend façonne de manière profonde notre imaginaire. Il est donc important de faire attention à ce que les médias diffusent et de développer notre esprit critique. Je vous invite à voir cette exposition avant le 28 août 2022, afin de vous faire une idée nouvelle et vraie sur les autochtones d’Amérique. Cultivez-vous !

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Commentaires

Montenay
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Articles de très utile, mais connaissant bien l'histoire du Canada français, j'aurais aimé un mot sur la fraternisation fréquente (je n'ai pas dit générale) entre Français et Indiens (désolé, c'était le terme en usage à époque)

Désirée Bozou
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Bonjour, merci pour votre commentaire. J'en parlerai peut-être une prochaine fois. Restez connecté!😉 Bien à vous.